Carrasco «H» Quartet

catalogue


1 - A DON ASTOR (A la mémoire d' Astor PIAZZOLA)

2 - ELEGIA (A la mémoire d' Astor PIAZZOLA)

3 - EL ARRANGUE

4 - MILONGA DE OTONO

5 - EVITA FOR EVER

6 - RESPONSO (D'après Horacio SALGAN)

7 - CONTRAMILONGA A LA FUNERALA

8 - ORGULLO CRIOLLO

9 - MILONGA DEL ÁNGEL

10- TIERRA QUERIDA




Compositeurs

Plages / Tracks : 1 - 2 - 4 – 5 J.C. CARRASCO "H"

Plages / Tracks : 3 – 8 – 10 Julio De CARO

Plages / Tracks : 6 Anibal TROILO

Plages / Tracks : 7 - 9 Astor PIAZZOLA






C'est au début des années 80 et plus précisément à la fin de l'été 83 que le fameux «Trottoir de Buenos Aires» affichait à son programme «LE TRIO» J.C. Carrasco, W. Rios, Ciro Perez, sous la présentation de mon grand ami Alfredo Raul.

Chaque soirée donnait lieu à une nouvelle découverte enthousiasmé par cette expérience et encouragé par un public qui venait écouter du Tango tous les soirs, je décidais de former un quartet, (bandonéon, piano, violon et contrebasse), formation classique du Tango.


L'adaptation de Tangos et de Milongas pour ce quartet fut le premier problème à résoudre. Dans un orchestre ce n'est pas forcément le niveau technique qui prévaut mais une orchestration efficace, mesurée et adaptée à celui-ci.


Dans un quartet, on a surtout besoin de musiciens faisant preuve d'un réel engagement ainsi qu'un travail constant et régulier de ceux-ci.


J'ai toujours voulu intégrer à mes arrangements un système de ruptures afin d'utiliser la gestuelle et la psychologie en tant qu'élément de contraste. En réalité j'aurais aimé que les musiciens s'intéressent un peu plus au théâtre. Dans cette perspective, le défi était donc double. En effet, pour aller au bout de cette idée il faut pouvoir compter sur des musiciens qui sachent à la fois lire une partition et l'interpréter d'une façon «tanguera».


Pour ma part, j'appartiens au courant des «tangueros» qui dansent avec l'oreille. En Argentine, il était très courant de sortir boire un verre et écouter Troilo, Goyeneche à «Caño 14» par exemple, mais en Europe le tango est vécu d'une autre façon : les passionnés de tango en sont restés à la danse de salon; et le tango-chanson ajouté à l'âme de sa poésie est encore fort méconnu, et ceci malgré «Le trottoir de Buenos Aires» aujourd'hui disparu. Le manque de références locales est à la base de mon deuxième problème : La formation des musiciens de tango.


Suite à mes entretiens avec le compositeur Bernard Cavanna, Directeur du Conservatoire de Genevilliers, est née sous ma suggestion et mes propositions, l'ouverture du premier cours de bandonéon au sein de son Conservatoire lequel connu de bons résultats.


En ce qui concerne le violon et la contrebasse, en passant par le piano, ils contiennent de nombreux éléments techniques qui leur sont propres pour l'interprétation du tango (chicharra, tambour, coups d'archet de la contrebasse) et par-dessus tout, le difficile tempo rubato du phrasé si particulier au tango.


Aujourd'hui nous pourrions faire un parallèle entre les problèmes stylistiques du Jazz et du Tango, car si dans ce dernier l'improvisation systématique n'existe pas comme dans le Jazz, l'interprétation de la mélodie demande le même effort (8 croches sur une mesure de 4/4 ne sont jamais 8 croches) et là est le problème, car l'élément mélodique prend tout son ampleur à partir de la libre interprétation de la phrase, et par conséquent l'ensemble des appoggiatures, glises, des accents, des staccatos, des notes de passage (qui ne sont pas écrites et même rarement suggérées).


Le troisième problème fut de trouver un style. Les modèles sont nombreux, qu'ils soient pris du quintet des Hnos de Caro, Francini-Pontier, Alfredo Gobbi, Osvaldo Pugliese, et même Horacio Salgan, entre autres. Cela donne une bonne idée de ce à quoi il faut s'en tenir… L'histoire du tango est très développée et prolifique, formée par de grands musiciens, compositeurs, poètes sans aucun complexe culturel ou idéologique qui étaient installés dans une sorte de société cosmopolite où tout restait à faire.


Le tango naît à la fin du 19 ème siècle, mais commence à trouver son intérêt musical, selon moi, à partir des années 30 avec Los Hnos De Caro, Juan Carlos Cobian, Delfino Bardi, Mores, Mora … et bien d'autres. Ses racines sont profondément populaires, mais à la différence des folklores, qui conservent leur tradition, le tango et le jazz ont évolué avec leur temps au pas de chaque génération.


Peut être faut il prendre Carlos Gardel comme exemple, folkloriste à ses débuts, mais qui apporte au tango de nouvelles données esthétiques, car il fut un extraordinaire mélodiste et initiateur du tango – chanson.


Jusqu'à Horacio Salgan, Rovira et Astor Piazzola, le mouvement est en constante évolution, et c'est grâce à ce dernier que le tango s'implante définitivement dans les salles de concert. Si le tango arrive jusqu'ici, c'est parce que dans la capitale Argentine des années 40, près de deux cents théâtres dansants tournaient à plein régime quatre ou cinq jours par semaine, avec une dizaine de grands orchestres, de chanteurs, au sein desquels le tango était roi. L'activité d'Orchestre était très courante à cette époque, et bien évidemment les arrangeurs, les musiciens et les chanteurs ont suffisamment de travail. Les lieux de représentation étaient les bals et les théâtres de comédie. Le cinéma se nourrissait aussi de son influence.


Il ne faut pas oublier que le tango comme le jazz, sont les seules cultures qui sont nées au sein de villes cosmopolites, Buenos Aires et la Nouvelle Orléans, et que les différents courants d'immigration furent favorables à leur développement.


Aujourd'hui la situation socio-économique et socio-culturelle est différente, les orchestres ont disparu faute de travail, les modes et les médias dominent de grands appareils commerciaux, où l'intervention dans la création est sujette à des filtres inévitables.


En réalité le tango n'est pas une musique «facile», arriver à en faire une bonne interprétation exige autant d'efforts que l'interprétation de Brahms ou de Schumann. Malgré tout cela, le tango vit et vivra de ses réserves. Conscient de cet héritage culturel et musical, l'élaboration des arrangements pour le «quartet» sont réalisés en privilégiant les éléments rythmiques et stylistiques de base où les solos sont la colonne vertébrale, mais l'approche psychologique du musicien diffère de celle du musicien de chambre, puisque la liberté d'expression permet d'exprimer des sentiments et des aptitudes qui ne sont pas une fin en soi dans une salle de concert, c'est à dire que c'est aussi un spectacle gestuel et donc visuel.


Il est bien clair que ma conception n'a pas la prétention d'être la vérité absolue, c'est seulement une possible variante parmi les nombreuses gammes qu'offre la culture tango. L'interprétation juste et précise de Gilberto, Hugo et Bernard justifie plus clairement quelle est la finalité de mes arrangements.



A Don Astor, Evita for ever, Elegia y Milonga de Otoño sont l'axe stylistique du «quartet» qui, avec les arrangements des morceaux de De Caro et Piazzola, constituent une base de travail qui prend ses racines dans la grande tradition «tanguera». La version de Salgan de «Responso» de Anibal Troilo (à l'origine destinée à l'orchestre), est le premier tango que j'ai adapté et arrangé pour le «quartet», c'était en 1983, et nous continuons...


Juan Carlos Carrasco «H», le 03 septembre 2001

Traduction : David Dutru

BIOGRAPHIE





Dernière modification : 11/03/05, 19:08:50